Bernard Lavilliers
Bernard Lavilliers
L’Artiste est né le 7 octobre 1946 à Saint-Etienne dans le centre de la France d'un père, ancien résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, ouvrier dans une manufacture d'armes locale. Sa mère est institutrice. La famille vit des temps difficiles et Bernard a des problèmes de santé. Ils déménageront en campagne par manque de moyens pour l'envoi de celui-ci en sanatorium. Il ne connaître la vie dans les cités HLM de Saint-Etienne qu'à l'âge de 12 ans. Il y vivra jusqu'à ses dix-neuf ans.
Afin de pouvoir exprimer sa révolte envers la société il est alors partagé entre l'idée de devenir boxeur professionnel ou comédien .Il pratique la boxe depuis l'âge de 13 ans, participant même à de petits combats. Malgré tout, en 1962, il apprend le métier de tourneur sur métaux gagnant ainsi sa vie jusqu'en 1965. Il écrit alors dans cet intervalle ses premières chansons. A Saint-Etienne et dans la région, il organise de petits concerts avec les moyens du bord.
Il part un an et demi au brésil, période agitée de sa vie, une aventure amazonienne. Prenant le Brésil pour le nouvel Eldorado, il sera engagé comme chauffeur de camion à Belem.
De retour en France, l'armée se rappelle à son souvenir, il est déclaré insoumise et ira en Allemagne dans les bataillons disciplinaires ainsi qu'à Metz en forteresse.
Il arrive à Paris fin 67, commence à chanter dans des cabarets. Il y rencontrera Jean- Pierre Hébrard, de la firme Decca, qui en tant que Directeur artistique lui fera faire deux 45 tours et un album. L'écriture de Léo Ferré en est le guide.
En mai 1968, il s'impliquera et ira chanter en province, dans les usines occupées, loin des discours tenus à l'Université parisienne de la Sorbonne. Il part ensuite faire la manche en Bretagne après les déconvenues de juin 68. Anne-Laure son premier enfant naîtra en fin d'année.
Il revient à Paris après un passage éclair à Marseille, en compagnie de sa deuxième épouse, Evelyne qui le soutient dans son parcours d'artiste.
Le cabaret brésilien de la capitale "Discophage" l'accueille en juin 1971. Il signe en octobre un contrat avec Francis Dreyfus qui vient de fonder la maison de disques Motors. "Les poètes" sort en 1972, qui aussi l'année de naissance de sa deuxième fille, Virginie.
A cette époque, il se produit le plus souvent avec son unique guitare. Il est encore hésitant entre l'acoustique et l'électrique choisie depuis longtemps par les groupes anglo-saxons. Léo Ferré demeure sa référence dans l'écriture à laquelle il associe la musicalité de l’Amérique latine. Son évolution musicale fait ses débuts avec "Le Stéfanois" en 1975 son troisième album. La chanson "San Salvador", qui est une samba parlée participe à la légende du chanteur-voyageur-aventurier. Guillaume son troisième enfant né cette année-là.
Désormais, Lavilliers est connu. Il se produit dans de nombreux concerts. Il signe avec la maison Barclay. Le Théâtre de la Ville à Paris en novembre 1976 après la sortie des "Barbares" sera sa première grande scène. C'est pour Lavilliers l'entrée de dans le monde du rock. Drogue, "zone", misère, perversité de l'argent et du pouvoir sont désormais les thèmes évoqués. Il est engagé et dénonce la société qu'il perçoit.
Success Story au rendez-vous.
Le "15ème Round" , son album fétiche dont il dit que c'est "la première fois qu'il y a un son de groupe" est musicalement abouti. C'est un vrai manifeste pour toute la jeunesse. "Juke Box" titre autobiographique est présent dans les Hit-parades français.
En octobre 1977, c'est sa première fois à l'Olympia. Il y rencontre un succès absolu. Il remettra ça en mars 1978 et ce pour une semaine. L'enregistrement en public "T'es vivant" sortira peu après. Depuis maintenant quelques années, le bassiste Pascal Arroyo, le claviériste François Bréant ou le percussionniste Mahut sont ses accompagnateurs.
L'album "Pouvoirs" qui sortira en 1979 est très attendu par le public et les médias. Cette notoriété récente attise les intérêts. Le relatif insuccès de cet album concept commençant par une chanson d'une durée d'environ vingt minutes ne détournera cependant pas le public qui sera au rendez-vous pour la tournée. Les concerts de l'Hippodrome de Pantin en mars attireront même, environ 6000 personnes par soirées durant cinq jours.
Lavilliers se ressourcera en Jamaïque en avril 1979. Il rencontrera Ray Barreto, grand percussionniste d'origine portoricaine à New York. Il s'envolera ensuite pour Rio au Brésil. A son retour, il sort "O Gringo" inspirer par ce voyage. Ce sera un succès colossal, avec pas moins de deux tubes "la Salsa" ou "Stand the ghetto". Il interprètera aussi "Est-ce ainsi que les hommes vivent", poème d'Aragon et mis en musique par Léo Ferré.
Il reprend la route pour le Salvador en Amérique centrale, via Los Angeles en janvier 1981. "Nuit d'amour" incluant les titres "Betty" et "Eldorado" sortira par la suite. A ce moment-là, malgré un succès public incontestable, et suite à une séparation son moral est au plus bas. Il fera une série de concerts au Discophage en novembre 1982 presque confidentiels.
L'album "Etat d'Urgence", disque d'or en trois mois mettront plus en évidences encore ses "Idées noires" (titre d'un duo avec la chanteuse Nicoletta).
Son dixième album original "Tout est permis Rien n'est possible" sortira après une longue tournée acoustique accompagné par une formation brésilienne. La musique du film français "Rue Barbare", est écrite par ses soins et il reprend une série de concerts à l'Olympia sur un mois.
Il se marie fin 1984 avec Melle Li, danseuse. Il fait ses débuts de directeur artistique du Casino de Paris auquel il adjoint une école du spectacle "Joséphine B" à ce moment-là., il transfèrera l'école dans un autre lieu, suite à un différend avec le directeur général de la salle.
Insatiable de voyage, il s'embarque pour l'Afrique à Dakar au Sénégal puis Brazzaville au Congo. Il rejoint une nouvelle fois sa fascinante Amérique latine.
C'est à travers ses toutes dernières pérégrinations, qu’il obtiendra toute matière pour "Voleur de feu" son nouvel album en 1986. Il en sera extrait le duo avec Nzongo Soul (musicien congolais) "Noir et blanc", un véritable classique. Au printemps 1986 dans la grande Halle de la Villette, Lavilliers constatera que le public est là, toujours présent.
Bernard Lavilliers, à plus de quarante ans continue la bourlingue même si quelque peu assagi. Ainsi en 1988, c'est un peu un carnet de voyage dont il nous gratifie avec "If" et les titres "On the road again", "Nicaragua" ou "Haïti couleur" qui nous invite à une réflexion sur la nécessité de voyager.
C'est au retour d'un périple en Asie, deux ans après, qu'il sort "Solo". Ses nouvelles compositions "Faits divers" ou "Saïgon" nous confirme si il en était besoin son insoumission, mais aussi un soupçon de vague à l'âme, le tout coloré de pigment pastel imprégnant l'album de tendresse avec "Salomé" du nom d'une de sa fille, née en 1987. S'en suivra une grande tournée de 180 dates avec trois semaines à l'Olympia. Il Léo Ferré sera son invité la scène de la "Fête de l'Huma".
En 1994, on sera gratifié, grâce à l'album "les Champs du possible" de ballades introspectives sans en oublié pour autant, ses ennemis de toujours les corrompus et les profiteurs dans "Les Troisièmes couteaux" , dénonçant aussi les chaos de la planète. Cet album sortira en 1995 en deuxième version, ou y apparaît un duo Lavilliers-Jimmy Cliff, "Melody Tempo Harmony" et un remix jamaïcain "Stand the Ghetto".
En juin 1997, "Le Venin", sortie d'un nouveau single précédant l'album intitulé "Clair Obscur" qui sortira en août. Les rythmes chers au chanteur y sont présents, cet album écrit et enregistré en trois mois à Kingston (Jamaïque) et Bruxelles (Belgique), l' ouvre avec un titre de Léo Ferré "Préface". Cet encore est toujours un album aux couleurs latino.
Fidèle à ses passions musicales à cinquante ans passés, en février 1998, il revient sur scène à l'Olympia pour une série de quatre concerts. Il les complétera par quatre nouvelles soirées du 26 au 29 mars. "Histoire(s)" une double compilation sortira courant 1998. Une longue tournée acoustique sera écourtée. Lavilliers n'apparaîtra que pour quelques concerts au cours de l'été 1999.
Bernard Lavilliers connu comme engagé, baroudeur ou éternel rebelle, est depuis les années 1970, porte-parole singulier des douleurs et des maux du monde. En juin 2001, les douze titres de l'album "Arrêt sur image", évoque le chômage, la violence avec pour enrobage des airs reggae, bossa avec en filigrane des accents latino agrémenté de notes électro. Lavilliers nous offre aussi, une parenthèse nostalgique cependant avec la reprise du standard français "les Feuilles mortes".
La dixième place du Top Albums d'Arrêt sur image montre à quel point le ressenti de Lavilliers et proche de celui du public. c'est aussi la sortie une bande dessinée, "l'Or des fous", où sont illustrés quatorze titres du chanteur par de grands noms de la BD.
En octobre 2001, Bernard Lavilliers entame une tournée qui commence en s'installant une semaine à l'Olympia et se poursuivra jusqu'en décembre puis durera jusqu'à l'été 2002.
Le 20 décembre 2001, le chanteur offre un mini-récital aux salariés d'une usine des Vosges dont les emplois vont être supprimés.
Arrêt sur image" ressort enrichi du titre "Jamaïca", un titre enregistré au studio Tuff Gong de Kingston en 2002.
En novembre, il reçoit le Grand Prix de la chanson française de la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de musique) en tant que créateur et interprète.
Lavilliers revient sur scène durant l'été 2004. il reprend de façon très minimaliste une partie de son répertoire avec en accompagnateur Mino Cinelu, grand percussionniste rencontré en 1973. Ce sera pour lui l'occasion de tester quelques chansons de son nouvel album qui sortira en septembre.
"Carnet de bord", montre une nouvelle vision du voyage chez le chanteur, enregistré entre New York, la Jamaïque (les studios Tuff Gong) et la France. On est transporté vers des horizons lointains par une version acoustique, transcendée par sa guitare sur laquelle s'appuye, les percussions de Cinelu. Il s'ouvre d'ailleurs sur le titre "Voyageur". On notera la contribution de Cesaria Evora , "Elle chante" et deTiken Jah Fakoly dans "Question de peau", sans oublié le titre hommage "La mort du Che" à Ernesto Guevara . Malgré les ressentis, l'envie de rebellion, le ton reste juste à l'évocation des sans-papiers, de problèmes écologiques entre autres.
Ces textes paraissent sur papier dans un ouvrage en deux volumes : "Les Couteaux de la ville" et "La Malédiction du voyageur" (Editions Christian Pirot) fin 2004
Le chanteur repart en tournée et en mars 2005, il fera cinq soirs dans la salle parisienne du Grand Rex. Puis il enchaînera dans les festivals de l'été et sera aussi au Zénith de Paris, le 7 et 8 octobre 2005.
Les soirées au Grand Rex auront en témoins un DVD et CD live nommés "Escale au Grand Rex". C'est aussi la sortie d'un livre regroupant des clichés de l’artiste par le photographe Gert-Peter Bruch.
Septembre 2006, c'est en hommage à Leo Ferré, que Bernard Lavilliers donne une courte série de concerts dans lequel il reprend des titres du poète, comme "C'est extra", "La mémoire et la mer" ou "Est-ce ainsi que les hommes vivent."
Notre aventurier dès soixante ans révolus sort son dix-huitième album "Samedi soir à Beyrouth", est le du sexagénaire baroudeur. La chanson qui donne le titre à l'album à pour thème son ressenti lors d'une visite au Liban.
Lavilliers toujours en rapporteur des faits de l'instant, du quotidien, dans "Bosse" raillera la vision actuelle de ce qu'est devenu le travail. avec "Bosse". Il n'en épargnera pas moins président vénézuélien Hugo Chavez, avec le groupe Tryo, dans "Balèze".
"Causes perdues et musiques tropicales", donne une bonne vision d'ensemble de sa carrière agitée, tourmentée, aventureuse, mais toujours fidèle à ses convictions. Avec le titre de son album "je chante les causes perdues sur des musiques tropicales" paru en novembre 2010, Lavilliers fait référence à une réplique adressée à l'ancien Président de la République François Mitterrand décrivant son travail.
Plus que jamais, il défend chacune des causes qui l'inspire, il convie sur son album ses complices du premier jour. Mino Cinelu sur "Coupeurs de cannes", l'artiste Bonga sur "Angola", Fred Pallem "Je cours", David Donatien "Sourire en coin" et bien d'autres encore sont de la partie. Bernard Lavilliers est là debout, fidèle à ses valeurs.
Le 9 février 2011, c'est sa première Victoire, pour le Meilleur album chanson de l'année.
Son vingtième album qui paraît en novembre 2013 trouve son inspiration à l'issu d'un voyage en Haïti en 2010, pour les besoins d'un reportage sur la situation des artistes après le tremblement de terre s'intitule "Baron Samedi"(une référence au personnage mythique vaudou qui règne sur les cimetières). L'interrogation de Lavilliers porte sur ce que peut apporter l'art face aux épreuves. Cella s'illustre tout particulièrement dans "Vivre encore" ou "Tête chargée".
Lavilliers l'épris des mots mets en musique à l'occasion de ce double album des poèmes de Blaise Cendrars et Nazim Hikmet, adapte un monument de la musique réunionnaise, "Rest’la Maloya" d’Alain Peters. La disparition récente de sa mère à l'âge de 95 ans, dans le titre "Sans fleurs ni couronne" est sensiblement évoquée..
Le leader du groupe Eiffel Romain Humeau en charge de l réalisation donne une tonalité inhabituelle chez Lavilliers. L'album est plus pop-rock.
Le reste à suivre ... sur
Bonne découverte à tous.
Bernard Lavilliers - La loi du marché